Dans l’édition du 1er septembre 2015 de l’AJHP, j’ai trouvé un article intéressant que je vous résume ici.
Résumé de l’article
Il s’agit d’une étude portant sur la validation des ordonnances par les pharmaciens, ayant évalué les facteurs associés aux erreurs durant la validation. Les auteurs ont mené une étude rétrospective de base de données dans un centre tertiaire situé à Houston au Texas. Les données sur les ordonnances validées par les pharmaciens durant une période d’un an (juillet 2011 à juin 2012) et les erreurs associées aux médicaments durant la même période ont été collectées. Une régression logistique multivariée a été menée afin d’identifier les facteurs associés aux erreurs.
Les facteurs évalués comprenaient:
- La charge de travail (nombre d’ordonnances validées par quart de travail par pharmacien)
- L’environnement de travail (quart de travail de jour, soir ou nuit; jour de semaine ou fin de semaine; et nombre de pharmaciens par quart)
- Le pharmacien (âge, diplôme, années d’expérience totale, années d’expérience au site)
Les erreurs incluses dans l’analyse étaient les erreurs rapportées dans le système de déclaration volontaire de l’hôpital qui avaient été déclarées par un professionnel autre qu’un pharmacien, et qui s’étaient produites durant la validation de l’ordonnance par un pharmacien.
1 887 751 ordonnances, 92 erreurs et 50 pharmaciens ont été inclus dans l’analyse. Le taux d’erreur global était de 4,87 erreurs par 100 000 ordonnances. Les facteurs associés aux erreurs étaient le nombre d’ordonnances validées par pharmacien, le type de quart de quart de travail, le type de journée et le nombre de pharmaciens présents par quart. Après la régression multivariée, le seul facteur associé à une augmentation significative du taux d’erreur était le nombre d’ordonnances validées par quart de travail. La validation de plus de 400 ordonnances par quart était associée au plus grand risque d’erreur.
Mon interprétation
Je vous invite à lire l’article ici. Vous pouvez également télécharger le podcast AJHP voices pour une entrevue avec les auteurs.
Malheureusement, il existe peu de données sur les erreurs liées à la validation des ordonnances par les pharmaciens en établissement de santé. Cet article majeur ne cite que 16 références, la plupart n’étant pas des études similaires mais bien des textes sur la sécurité dans le système de santé ou des articles généraux sur les erreurs médicales. Il est donc impossible de comparer les observations des auteurs à d’autres études. Néanmoins, la conclusion apparaît logique.
La validation des ordonnances par les pharmaciens dans les établissements de santé est une étape cruciale pour la sécurité de l’utilisation des médicaments. La validation peut être centralisée, avec des pharmaciens situés à un endroit dans l’hôpital qui reçoivent les ordonnances pour tout le centre; ou décentralisée, avec des pharmaciens qui valident les ordonnances à divers endroits, généralement sur une unité de soins couverte par ceux-ci tant au niveau des soins pharmaceutiques que de la validation des ordonnances. Ce dernier type de pratique n’est plus très populaire, notamment parce que l’impératif de la validation des ordonnances par les pharmaciens décentralisés devient souvent un frein à la prestation des soins pharmaceutiques.
Dans un modèle de validation centralisée, les pharmaciens recevant les ordonnances doivent traiter en temps opportun toutes les ordonnances du centre, on comprend donc que la charge de travail peut être très importante par moment. Cependant, le contrôle de cette charge de travail est difficile, puisque le nombre d’ordonnances arrivant à la pharmacie à un moment précis est imprévisible.
Je crois qu’il existe ici une belle opportunité de recherche pour confirmer les conclusions de cette étude de manière prospective, dans d’autres centres et dans divers contextes. Cependant, il risque d’être difficile de planifier une intervention pour diminuer les erreurs, parce que le taux d’erreur rapporté est déjà très bas et parce que le facteur de risque principal est difficile à contrôler.