États-Unis, alertes électroniques sur les opiacés à l’urgence
Une étude descriptive, rétrospective a évalué les caractéristiques des alertes électroniques reliées à l’utilisation des opiacés à l’urgence d’un gros centre tertiaire américain, utilisant un système de prescription électronique avec aide à la décision.
Sur une période de 5 mois (septembre 2012 à janvier 2013), les visites à l’urgence durant une période de 24 heures, à tous les 5 jours, ont été incluses dans l’étude. Une revue de dossier a été menée le jour même et 30 jours après le congé. Les patients de 18 à 89 ans ont été inclus. Les ordonnances d’opiacés pouvaient être entrées dans le dossier électronique par les médecins, assistant-médecins (physician assistants), résidents ou infirmières. Les ordonnances étaient revues par un pharmacien avant l’administration seulement dans le cas des patients en attente d’admission ou des patients de traumatologie ou soins critiques.
4581 visites à l’urgence ont été incluses, chez 3970 patients avec au moins un médicament prescrit. 2144 patients ont reçu au moins une ordonnance d’opiacé, pour un total de 4741 ordonnances d’opiacés. Des alertes ont été générées chez 1576 patients. Un total de 13 719 alertes ont été générées et 93.5% de ces alertes ont été contournées. 4742 alertes concernaient les opiacés. Fait intéressant, les pharmaciens étaient les professionnels qui contournaient le plus les alertes d’opiacés (97.6%), les résidents en médecine le moins (94.8%).
14 effets indésirables reliés aux médicaments ont été observés, dont 8 pour les opiacés. Selon l’algorithme de Naranjo, 5 étaient probables et 3 possibles. Selon les auteurs, aucun de ces effets indésirables n’aurait pu être prévenu car les alertes du système informatique n’étaient pas en lien avec le type de réaction observé.
Parmi les alertes qui n’ont pas été contournées, 46 de 175 alertes ont été considérées comme un effet indésirable évité. 90% concernaient les allergies, 10% la duplication de traitement.
La conclusion est bien évidente, le système d’aide à la décision évalué dans cette étude générait beaucoup trop d’alertes, soit plus de 4000 pour seulement 46 qui ont été acceptées.
La clé est dans le paramétrage des alertes !
Espagne, validation pharmaceutique
Il est surprenant que l’on ait encore à démontrer que la validation des ordonnances par les pharmaciens prévient des événements indésirables reliés aux médicaments, mais une étude espagnole l’a encore bien démontré.
Je n’ai malheureusement pas pu avoir accès au texte complet de l’article, donc je vous présente des données tirées de l’abrégé.
Dans un hôpital adulte tertiaire urbain de 1300 lits utilisant la prescription électronique avec aide à la décision, les auteurs ont mené une étude observationnelle prospective sur les erreurs de prescription interceptées par les pharmaciens effectuant la validation des ordonnances entre janvier et juin 2013. Les erreurs incluses étaient analysées par une équipe indépendante quant à leur potentiel de causer un effet indésirable et la sévérité potentielle de celui-ci.
484 erreurs ont été interceptées, dont 36.2% de sévérité mineure, 59.1% modérée et 4.7% sévère. Dans les cas de sévérité modérée, 30% étaient une dose trop élevée, 20% une dose trop faible et 19% une omission. 22.3% des erreurs modérées concernaient les antinéoplasiques.
Ces données, sans surprise, illustrent bien que le travail de validation d’ordonnances du pharmacien est capital.
États-Unis, documentation électronique des allergies
Encore une fois, je n’ai pas pu avoir accès au texte complet pour cette étude.
Cette étude a évalué rétrospectivement les allergies aux antibiotiques bêta-lactames documentées dans les dossiers électroniques de 319 051 patients dans 32 centres médicaux en communauté.
9.1% des patients avaient une allergie documentée, et la réaction n’était pas décrite dans 36.2% de ces cas.
Les auteurs concluent qu’il existe une opportunité pour améliorer la qualité de la documentation des allergies aux bêta-lactames et ainsi réduire le recours aux antibiotiques de seconde ligne lorsqu’il ne s’agit pas d’une vraie allergie.
En vérité, je suis plutôt surpris par le taux de documentation des réactions dans cette étude (plus de 50% !), dans ma pratique la réaction n’est pas documentée dans la majorité des cas. Et même lorsque la description est inscrite au dossier et que la réaction ne correspond pas à une allergie, certains cliniciens sont réticents à utiliser un antibiotique de la même classe que celle « incriminée » par le patient. De même, lors des visites subséquentes du même patient, la mention d’allergie « ressuscite » et tout est à recommencer.
Je vous mets en référence un guide utile sur les allergies aux antibiotiques publié dans le Pharmactuel.