Le Pharmacy Forecast 2016 de la fondation de l’ASHP

La fondation de l’ASHP publie depuis 2013 un rapport afin d’identifier les tendances et les facteurs susceptibles d’influencer la pratique de la pharmacie aux États-Unis. Ce rapport fournit des recommandations stratégiques afin d’aider les départements de pharmacie à prendre des décisions éclairées. Le rapport 2016 a été publié récemment.

Ce rapport vise évidemment la pratique dans le cadre du système de santé américain, qui est passablement différent du nôtre. Malgré cela, je trouve que plusieurs des points présentés trouvent un équivalent applicable à notre situation québécoise.

Le rapport peut être téléchargé gratuitement sur le web, et le podcast AJHP Voices a diffusé il y a quelques semaines une entrevue avec des auteurs du rapport. Voici quelques points discutés dans cette entrevue que je trouve applicables à notre pratique:

  • Les coûts grandissants des médicaments, en particulier les médicaments de spécialité, vont inciter les tiers payeurs à vouloir encadrer l’utilisation de ces médicaments ainsi qu’à obtenir des mesures objectives de leur impact. Il faudra que les pharmaciens définissent leurs rôles face à ces changements, comme responsables de l’utilisation optimale des médicaments. Il sera évidemment essentiel que les interventions restent dans le meilleur intérêt du patient, cependant l’aspect pharmacoéconomique devra être pris en compte. Ça ne sera pas facile, mais il ne faut surtout pas que ça se fasse sans les pharmaciens !
  • La gestion avancée de la pharmacothérapie, incluant le suivi, deviendra primordiale en ambulatoire. Une bonne initiative québécoise est l’intégration des pharmaciens aux GMF, qui je crois devrait passer par les pharmaciens des établissements de santé. Voir un exemple publié dans le médecin du Québec. D’ailleurs, selon ce que je comprends du podcast, ce sont les Health System Pharmacists américains qui font ces tâches dans les cliniques ambulatoires.
  • La pratique fragmentée, « en silo », deviendra inacceptable. D’expérience personnelle, peu de professionnels ont réellement une pratique en silo, la plupart préfèrent travailler en équipe, partager ouvertement l’information et prendre des décisions d’équipe. Cependant, beaucoup sont victimes de la difficulté de partager de l’information dans un système où celle-ci est principalement consignée et transmise sur papier. Récemment, j’ai pu voir un bon exemple de cela. Un patient polymédicamenté a été admis pour un symptôme nouveau, et l’équipe se demandait si la pharmacothérapie pouvait être en cause. Le DSQ et un appel au pharmacien communautaire nous ont permis d’obtenir une très bonne liste de médicaments en quelques minutes. Cependant, il nous a été impossible d’obtenir rapidement l’information sur les indications et les raisons de changements à la pharmacothérapie, et le patient n’était pas en mesure de nous donner cette information. On pourrait argumenter que cette information s’avère pourtant plus importante que la liste de médicaments elle-même ! La technologie est une solution évidente à cette difficulté de partage de l’information.
  • Les auteurs avancent le terme « soins centrés sur la personne », comme orientation devant définir l’organisation des soins pharmaceutiques, plutôt que « soins centrés sur le patient ». J’aime bien ce terme qui illustre que la prise en charge de la pharmacothérapie n’arrête pas lorsque le patient sort de l’unité de soins ou de l’hôpital, qu’elle doit continuer en tout temps. Ceci renforce l’importance du suivi de la pharmacothérapie par un pharmacien de même que l’importance des transitions de soins à l’entrée et à la sortie de l’hôpital.

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