Une partie importante de mon travail est la gestion, la révision et l’approbation d’ordonnances pré-rédigées.
Quand on parle d’ordonnances pré-rédigées, on désigne un document établi à l’avance, électronique ou sur papier, présentant de manière structurée un groupe d’ordonnances reliées à une situation clinique, comme la prise en charge d’un problème de santé, la prescription d’un médicament complexe ou d’un protocole, qui a pour objectif d’orienter les prescripteurs vers les pratiques recommandées dans ce contexte et de diminuer les risques d’erreurs, par exemple en proposant des doses pour les médicaments et en clarifiant les critères d’utilisation. L’utilisation de ces documents est très populaire en établissement de santé.
En anglais, on parle de « order sets« , surtout dans le contexte de la prescription électronique. Bien sûr, dans le contexte québécois où la prescription électronique est encore à l’état embryonnaire, ces ordonnances pré-rédigées se retrouvent souvent sur papier. Néanmoins, plusieurs ressources disponibles, bien que conçues pour l’électronique, s’appliquent bien au papier.
Les avantages de ces documents sont évidents, je cite ISMP qui dit que les ordonnances pré-rédigées permettent:
- D’intégrer et de coordonner les soins en diffusant les meilleures pratiques.
- D’appliquer la médecine factuelle.
- De réduire la variation et les omissions non intentionnelles à l’aide d’une présentation standardisée et claire des ordonnances.
- D’améliorer les flots de travail en présentant des instructions claires, bien organisées et directement applicables aux systèmes en place de même qu’aux instruments d’administration des médicaments.
- De réduire le potentiel d’erreurs médicamenteuses à l’aide d’avertissements et de rappels intégrés.
- De réduire les appels aux prescripteurs pour clarifier des ordonnances imprécises.
ISMP souligne par ailleurs que des ordonnances pré-rédigées mal conçues, mal révisées ou mal maintenues peuvent contribuer à des erreurs, d’où l’importance d’avoir un processus clair pour la rédaction et l’approbation de ces documents dans un établissement. Je partage donc ici quelques ressources à ce sujet:
- Les lignes directrices d’ISMP sur la rédaction d’ordonnances pré-rédigées. Celles-ci s’appliquent autant au papier qu’à l’électronique. Il s’agit d’un excellent document et c’est le seul je connais qui est très précis au niveau des règles de rédaction, non seulement à propos du formatage et de la mise en page, mais également à propos des types d’ordonnances qui sont appropriées ou non, par exemple:
- Éviter les ordonnances multiples d’analgésiques, antiémétiques, laxatifs, antiacides, sédatifs, et autres par toutes les voies possibles pour couvrir tous les scénarios.
- Éviter les ordonnances conditionnelles (si ceci faire cela) qui transfèrent la responsabilité de décider si un médicament doit être donné à un autre professionnel que le prescripteur, sauf si les paramètres sont clairs et font partie du champ de pratique du professionnel concerné. Par exemple « débuter médicament x si diagnostic y » n’est pas adéquat si c’est l’infirmière qui se retrouve en position de décider si le patient a le diagnostic y pour débuter le médicament. Une ordonnance adéquate serait: « débuter antibiotique x si fièvre >39°C ».
- Éviter les ordonnances ambiguës et générales comme « reprendre médicaments habituels » ou « poursuivre médicaments pré-opératoires ». Je dois dire que c’est difficile de faire réaliser à plusieurs médecins que des ordonnances comme celles-là sont dangereuses !
- Les lignes directrices d’ISMP Canada sur les ordonnances pré-rédigées pour l’insuline sous-cutanée.
- À lire avant de réviser des ordonnances d’insuline !
- La section sur les ordonnances pré-rédigées du wiki HIMSS-CPOE. Ce site web vise surtout la prescription électronique mais comporte une section de fichiers avec des ressources intéressantes provenant d’hôpitaux américains.
- Un article de Health Care Quarterly sur la formalisation du processus de développement des ordonnances pré-rédigées; je trouve cet article pertinent car il illustre bien les gains réalisés en partant d’un système de rédaction informel à un processus structuré.
- Une revue systématique de la littérature sur les ordonnances pré-rédigées. Ce document, réalisé dans le cadre du système de santé ontarien, date un peu (2009) mais il propose une analyse systématique de la littérature publiée jusqu’à ce moment avec des recommandations pour une mise en pratique fondée sur les preuves.
Si vous connaissez d’autres ressources utiles, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.