Cette étude française a évalué un logiciel de prescription électronique avec aide à la décision avancée utilisé en projet pilote dans une unité de soins néonatals de 29 lits (8 lits de soins intensifs) sur une période de 18 mois, de mars 2014 à septembre 2015. Il n’est pas clair dans l’article s’il s’agit d’un logiciel commercial adapté aux besoins de ce type d’unité ou d’un logiciel développé spécialement pour ce groupe. L’aide à la décision incluse dans le logiciel proposait, lors de la saisie d’ordonnances, une recommandation de dose, d’intervalle posologique et de voie d’administration, de même que les modalités de reconstitution et d’administration en fonction d’un formulaire paramétré localement. Le prescripteur n’avait donc qu’à entrer l’âge gestationnel, la date de naissance, le poids du jour, puis à choisir le médicament et son indication pour qu’une recommandation soit faite. Le prescripteur pouvait suivre ou non cette recommandation, et des alarmes contournables étaient affichées lors de la sélection de doses à l’extérieur de l’intervalle de référence. Plusieurs calculs spécifiques à la néonatologie étaient effectués par le logiciel en plus de la présentation des recommandations de prescription, comme par exemple les apports liquidiens, les apports en sodium, etc.
Fait intéressant à souligner, le logiciel comportait un formulaire de base établi à partir de références françaises, américaines et internationales, mais paramétrable localement avec un apport des néonatologistes et pharmaciens de chaque centre.
760 nouveau-nés ont été inclus dans l’étude pilote, avec un âge gestationnel moyen de 35.2 semaines et un poids de naissance moyen de 1336 g. 52 392 prescriptions ont été enregistrées durant l’étude. De celles-ci, seulement 1,05% comportaient une dose quotidienne à l’extérieur des recommandations proposées par le formulaire. Beaucoup de données sont présentées sur l’utilisation des médicaments en dehors des indications approuvées, notamment que 16,2% des prescriptions visaient une utilisation hors indication. Je connais mal le contexte des indications officielles européennes, mais de mon point de vue Nord-Américain je ne suis pas très surpris de cela, quand on connaît la rareté des données pédiatriques et néonatales dans les monographies officielles.
La discussion est intéressante; les auteurs présentent leur point de vue sur la manière dont un tel système d’aide à la décision permettrait de diminuer le risque d’erreurs liées par exemple à la sélection dans des menus ou à des alarmes intempestives. Je trouve cependant dommage que l’étude n’ait pas spécifiquement évalué les erreurs et les modes de défaillance associés. Néanmoins, il ne s’agissait que d’une étude pilote, j’espère donc que de nouvelles données seront publiées par la suite. Je trouve également dommage que les auteurs ne discutent pas davantage d’interopérabilité avec les autres systèmes de leur centre. On sait bien que la prescription électronique peut quand même être la cause d’erreurs graves lorsque les systèmes ne sont pas intégrés et lorsqu’ils demandent une gymnastique manuelle pour, par exemple, transmettre les données du système de prescription vers le système de pharmacie ou vice-versa.