Cet été, un article est paru dans le New England Journal of Medicine qui proposait d’ajouter l’indication dans les informations faisant partie d’une prescription électronique. Les auteurs, provenant d’institutions affiliées à l’université Harvard, présentent un tableau des avantages potentiels et des défis reliés à ce changement. Parmi les avantages, on note:
- Une amélioration de la sécurité dans l’utilisation des médicaments, en permettant entre autres aux pharmaciens de valider le nom du médicament en fonction de l’indication, et de mieux valider les doses selon cette indication.
- Une meilleure compréhension par les patients de leur pharmacothérapie.
- Une amélioration de la communication entre les professionnels.
- Une facilitation de la réconciliation médicamenteuse.
- La possibilité d’améliorer l’aide à la décision dans la prescription électronique en présentant des choix par indication.
- Une amélioration de la documentation des problèmes de santé.
- Une amélioration des choix de traitement par les prescripteurs.
- Une facilitation du travail lié au remboursement par les assureurs.
- L’amélioration de la qualité des données pour la recherche.
Les défis à prévoir pour intégrer ce changement sont:
- Une charge de travail supplémentaire pour les prescripteurs.
- Des inquiétudes quant à la confidentialité.
- Le peu de données probantes supportant un tel changement.
- Les complexités liées à la définition des indications (par exemple pour les traitements empiriques).
- La compétition entre diverses manières de capturer ou d’inférer les indications.
- Les complexités liées au codage et à la transmission des informations diagnostiques.
- Les enjeux de remboursement lors de prescription hors indication.
- Des enjeux d’autonomie dans la pratique clinique.
- La fragmentation des systèmes et les enjeux d’interopérabilité.
L’ISMP a publié en novembre un document reprenant les principaux points de cet article et qui argumente dans le même sens, c’est-à-dire que les obstacles potentiels à cette pratique sont gérables et ne devraient plus être un frein à l’ajout de cette information dans les prescriptions.
Je suis moi aussi d’accord avec ces arguments. Je crois qu’il n’est plus défendable que l’indication de prescription d’un médicament soit une information privilégiée qui ne soit pas clairement documentée et transmise avec la prescription. Je constate fréquemment dans ma pratique des situations où les pharmaciens doivent valider des médicaments sans pouvoir juger adéquatement du choix d’agent et de la dose prescrite par manque d’information, où des infirmières doivent administrer des médicaments sans bien en saisir le but, et même où des patients ne savent pas pourquoi on leur donne tel ou tel médicament. Ce genre de situation ne devrait plus être tolérée maintenant que l’information peut être facilement transmise électroniquement. Avec la progression de l’informatisation du réseau de la santé au Québec, je suis convaincu qu’une réflexion sérieuse sur ce sujet devrait avoir lieu.
2 réflexions sur “Ajouter l’indication dans le contenu des ordonnances électroniques”