Cet article décrit le processus de développement et les deux premières années d’utilisation de règles d’aide à la décision pour la prescription électronique mises en place dans un hôpital chinois. L’article est disponible en texte complet gratuitement sur PubMed Central.
L’objectif de l’étude était de décrire l’utilisation et les contournements d’alertes, suite au déploiement d’un ensemble de règles d’aide à la décision affichées durant la prescription électronique, pour divers paramètres de prescription:
- La dose
- La voie d’administration
- La fréquence
- La nécessité de test cutané (allergies)
- La compatibilité et la concentration pour l’administration IV
- Le risque en grossesse
- Les interactions médicamenteuses
- Les contre-indications
- L’usage restreint de certains médicaments
L’objectif principal de ces règles était d’alléger le travail des pharmaciens en permettant de corriger certains problèmes de prescription dès la rédaction de l’ordonnance, par ailleurs les médecins pouvaient contourner ces alertes en documentant une justification, ce qui aide aussi au travail de validation pour le pharmacien. Les règles détaillées sont présentées dans l’article et couvraient environ 150 médicaments, dont certains de médecine traditionnelle chinoise. Fait important, certaines fonctionnalités comme l’ajustement de doses selon le poids ou la clairance à la créatinine n’étaient pas disponibles en raison de problèmes d’interface avec les autres logiciels du centre.
Durant la période de l’étude, 68 182 épisodes de soins ont eu lieu et 2 747 140 prescriptions ont été faites à l’aide de ce système. 18 666 alertes ont été générées et 2803 ont été contournées, pour un taux de contournement de 15%. Les auteurs détaillent les motifs de ces contournements dans l’article, cependant une chose qui me surprend est le faible nombre d’alertes et le faible taux de contournement. En effet, la littérature sur les alertes (voir les nombreux articles sur ce sujet dont j’ai déjà parlé) décrit généralement une surabondance d’alertes, un taux élevé de contournement, et le développement d’un réflexe d’ignorer ces alertes, la fameuse alert fatigue.
Comme l’étude ici décrite fait surtout une description de ces alertes et ne présente pas d’analyse de leur pertinence ou de leur impact clinique, il est impossible de savoir si ces mesures impressionnantes sont dûes à un bon paramétrage ou simplement à un faible taux de détection des problèmes cliniquement significatifs.
Néanmoins, je trouve qu’il s’agit d’un bon exemple d’un développement de règles d’analyse à partir de zéro. Le concept est intéressant: plutôt que de cibler l’interception de tous les problèmes avec l’aide à la décision, il est possible de se concentrer sur certains problèmes faciles à attraper à l’étape de prescription et laisser les pharmaciens qui valident les ordonnances se concentrer sur les problèmes complexes.