Surveillance des antimicrobiens à l’aide d’une stratégie électronique

Cet article décrit une stratégie de surveillance des antimicrobiens mise en place dans un hôpital de réadaptation français de 255 lits de courte durée et 108 lits de réadaptation ciblé sur les blessures à la moëlle épinière. Une équipe composée d’un pharmacien, d’un microbiologiste et d’un médecin spécialiste en maladies infectieuses a été mise en place pour surveiller la prescription d’antimicrobiens en ciblant certaines classes.

La stratégie de surveillance consistait en l’identification d’antimicrobiens de certaines classes prescrits pour plus d’une journée (par exemple piperacilline-tazobactam, carbapénèmes). Le prescripteur devait détailler l’indication dans le système de prescription électronique, puis effectuer un suivi au jour 3 de la prescription. Une requête d’extraction des données vers un chiffrier Excel a été mise en place, et permettait à l’équipe de surveillance d’effectuer un suivi des prescriptions. D’abord, un pharmacien vérifiait les doses prescrites et la présence d’interactions médicamenteuses, puis alertait le prescripteur selon la conformité de la prescription aux lignes directrices du centre. Ensuite, le microbiologiste validait la prescription en fonction des résultats de culture et de susceptibilité. Les prescriptions étaient classées en appropriées ou inappropriées pour une de trois raisons: l’absence de culture requise, la non susceptibilité à l’antibiotique prescrit, ou un spectre trop large. Les prescriptions jugées inappropriées et non cessées malgré l’alerte étaient transmises par courriel à l’infectiologue, qui effectuait une intervention directement auprès du prescripteur pour évaluer si la prescription était adéquate ou pour recommander une modification. Pour l’étude rapportée, les données de janvier 2012 à décembre 2014 ont été collectées.

2216 prescriptions ont été revues. Le microbiologiste a évalué 1224 (58.1%) prescriptions comme inappropriées, et de celles-ci 835 (68.2%) ont été modifiées sans intervention. 389 (31.8%) prescriptions ont mené à une alerte, pour lesquelles 293 interventions ont effectivement eu lieu. Dans 157 (53,6%) interventions, le traitement a été jugé adéquat en fin de compte, et dans 136 (46,4%), le traitement a été jugé inapproprié, puis modifié dans 132 de ces cas.

Le système décrit est relativement « low-tech », consistant en une simple extraction de données puis un suivi partagé à l’aide d’un chiffrier Excel. Ça a l’avantage d’offrir un suivi des antimicrobiens plus fin qu’à l’aide d’alertes complètement automatisées, mais il n’est pas clair si l’investissement de temps requis de la part de chacun des membres de l’équipe pour ce suivi manuel est vraiment rentable. Par ailleurs, dans le cadre de cette étude l’antibioprophylaxie chirurgicale et médicale était exclue, probablement en raison du volume, mais dans mon expérience beaucoup d’interventions de ce type sont nécessaires avec les prescriptions de prophylaxie.

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