Biais cognitif lié à l’aide à la décision

Les systèmes d’aide à la décision gagnent en popularité avec l’informatisation croissante des dossiers médicaux, en particulier dans le contexte de la prescription électronique. Il existe également de tels outils intégrés aux systèmes d’information pharmacie, notamment pour la détection d’interactions médicamenteuses. Néanmoins, l’impact clinique de tels systèmes est sujet à débat, en particulier quand on constate à quel point les alertes générées peuvent être de pertinence clinique douteuse, ou bien lorsque des problèmes importants ne sont pas détectés.

Cette étude avait pour objectif d’évaluer la présence de biais cognitif induit par les systèmes d’aide à la décision, notamment l’omission de problèmes en absence d’alerte, les interventions inappropriées en présence d’alertes inexactes, et l’impact des interruptions et de la complexité des tâches sur ces éléments.

120 étudiants en médecine dans les deux dernières années de leur formation dans des universités australiennes ont participé à l’étude.  Chaque participant devait compléter des scénarios de simulation les exposant à neuf situations, soit une situation contrôle sans aide à la décision, une aide à la décision adéquate et une aide à la décision inadéquate, chacune en condition normale, en présence d’interruptions et en présence d’une tâche plus complexe. Durant chaque scénario, ils devaient prescrire des médicaments dans un logiciel simulé en présence d’un contexte clinique réaliste. Les scénarios ont été développés et révisés par plusieurs spécialistes, incluant des pharmaciens, afin de s’assurer que ceux-ci étaient adéquats. Notamment, les prescriptions à faire étaient représentatives des responsabilités des étudiants en médecine, et les erreurs à détecter étaient sans ambiguité et clairement à éviter. De plus, les participants étaient avisés que les alertes fournies par le système pouvaient être inexactes ou absentes.

4065 prescriptions ont été faites, comportant 1049 erreurs, incluant les non-prescriptions de médicaments requis. 70% de ces erreurs ont été induites par les scénarios, et 30% ont été jugées comme originant purement des participants. Tous les participants ont fait au moins une erreur.

Comparativement à la situation contrôle, l’aide à la décision adéquate a réduit les erreurs de prescription de 58,8%, alors que l’aide à la décision incorrecte a augmenté les erreurs de prescription de 86,6%. Fait intéressant, les interruptions et la complexité du scénario n’ont pas affecté significativement les biais cognitifs induits par l’aide à la décision. Les résultats complets sont bien plus détaillés, ça vaut la peine de lire le texte complet pour bien en comprendre toutes les nuances.

Les auteurs soulignent que les participants avaient de la difficulté à déterminer si les alertes d’aide à la décision étaient correctes ou non, et même si des omissions avaient lieu.

Je trouve l’article pertinent car il illuste comment l’aide à la décision peut avoir un impact positif si les alertes sont bien paramétrées et adéquates, et comment les effets de cette technologie peuvent être délétères en présence d’omissions ou d’alertes inadéquates. Bien sûr, la tâche de paramétrage d’un système d’aide à la décision est colossale. Bien souvent, la possibilité de personnaliser les alertes, d’en ajouter ou d’en désactiver est inexistante ou limitée, et le nombre d’alertes livrées avec le système est très grand, rendant la révision de celles-ci une par une irréaliste. Plusieurs articles ont décrit les problèmes liés à l’inclusion de nombreuses alertes pour des raisons légales ou administratives, et ont fait des recommandations pour filtrer ce contenu. Encore faut-il avoir les ressources et la capacité technique de le faire.

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