Je vous parle aujourd’hui d’un article sur le DSQ paru fin mars 2018 dans JAMIA et qui vient compléter d’autres publications sur le DSQ. Il s’agit à ma connaissance du premier article de fond sur les données médicamenteuses du DSQ paru dans une revue scientifique internationale. D’ailleurs, l’introduction et la méthode de l’article en eux-mêmes sont des bons textes d’introduction au concept du DSQ et à son fonctionnement avec une vue d’ensemble, incluant une comparaison à ce qui se fait dans d’autres provinces et à l’international.
L’étude avait deux objectifs. Le premier était de mesurer les niveaux d’utilisation du DSQ par les professionnels qui l’ont consulté entre le 1er janvier et le 31 décembre 2015. Le deuxième était d’évaluer la qualité des listes de médicaments en étant extraites en les comparant aux profils de pharmacie communautaire, pour les patients arrivant à l’urgence d’un hôpital tertiaire de 1012 lits situé à Montréal, entre janvier 2014 et juin 2015. Les patients inclus dans cet objectif devaient être âgés d’au moins 65 ans, prendre au moins 3 médicaments et avoir une pharmacie connectée au DSQ depuis au moins 3 mois. Les dates sont importantes, il s’agit d’une collecte de données réalisée assez loin dans le passé et il est fort probable que la même étude réalisée aujourd’hui présenterait un portrait assez différent, à la fois de l’usage du DSQ et de la qualité des données médicamenteuses y étant contenues.
Partie 1 : utilisation du DSQ
83% des pharmaciens, 74% des médecins généralistes et 25% des médecins spécialistes du Québec durant la période de l’étude se sont connectés au moins une fois au DSQ. 31 022 utilisateurs ont accédé 11 085 653 fois aux données de médicaments. Le 1% des plus grands utilisateurs (n=311) représentaient 19% de tous les accès, et chaque utilisateur consultait le DSQ une médiane de 87 fois dans l’année. Les utilisateurs de pharmacie (pharmaciens et assistant-techniques) étaient les plus grands utilisateurs.
43,9% des accès étaient dans un contexte de soins aigus, 32,1% en soins de première ligne et 21,8% en pharmacie. L’application utilisée était le visualiseur DSQ dans 63% des cas, alors qu’un dossier médical électronique ou un logiciel de pharmacie étaient utilisés dans 19% et 18% des cas respectivement.
Partie 2: listes de médicaments
111 patients ont été inclus, avec un âge moyen de 76±12 ans, et prenant en moyenne 11 médicaments à l’arrivée à l’hôpital. 17,1% des patients visitaient plus d’une pharmacie. 1231 médicaments étaient pris à l’admission, et de ceux-ci 38% avaient au moins une divergence entre la liste du DSQ et la liste obtenue de la pharmacie communautaire, donc 64% des patients avaient au moins une divergence. Le médicament était présent au profil du DSQ alors qu’il n’aurait pas dû y être dans 43% des cas, alors que le médicament était absent du DSQ alors qu’il aurait dû y être dans 46% des cas. 11% étaient des duplications. Dans le texte décrivant ces divergences, on retrouve les problèmes bien connus du visualiseur du DSQ notamment l’absence du DSQ des prescriptions en attente au profil de pharmacie. Notons également que la prévalence de divergence était importante chez les patients les plus à risque, les patients admis avec 11-15 médicaments étaient 3-4 fois plus à risque d’une divergence que les patients admis avec 0-5 médicaments.
En conclusion, cet article, bien que basé sur des données « anciennes » dans le contexte du DSQ, est très intéressant, notamment pour sa première partie, et vient renforcer l’observation que la liste du DSQ seule n’est absolument pas un substitut à une histoire médicamenteuse complète avec le patient. Je souligne également le dernier article dont j’ai parlé sur le sujet qui montrait bien que les profils de pharmacie communautaire n’étaient pas d’une fiabilité extraordinaire eux non plus.