Cette étude portait sur l’effet de donner accès aux médecins des hôpitaux français à l’équivalent du DSQ dans ce pays. Ce dossier électronique comprend toutes les dispensations de médicaments par les pharmacies communautaires, incluant les médicaments sans ordonnances, dans les 4 derniers mois. L’objectif de l’étude était de quantifier l’impact de l’accès à ces données en vérifiant la prise en charge avec ou sans l’accès.
Un accès a été fourni aux médecins des départements d’urgence, d’anesthésie et de gériatrie dans 58 hôpitaux. Un échantillon de 6 départements dans 6 hôpitaux, soit 2 par spécialité, a été constitué. L’étude a été menée de novembre 2014 à février 2016 et ciblait tous les patients vus sur les départements inclus. L’étude consistait à demander au médecin admettant le patient de faire une entrevue habituelle avec le patient et d’obtenir l’information sur les médicaments de la manière habituelle. Ensuite, le médecin remplissait un questionnaire sur le patient et la prise en charge prévue. Le médecin devait par la suite accéder si possible au dossier pharmaceutique, vérifier l’information, et compléter le questionnaire pour documenter si ce dossier contenait de l’information non accessible ailleurs et si cette information avait changé la prise en charge.
511 questionnaires ont été collectés durant l’étude. 504 questionnaires étaient remplis adéquatement et on pu être analysés. Le taux de complétion du questionnaire était généralement faible et variable, allant de 1,1% à 30% des patients éligibles dans chaque département. 72% des patients inclus ont été vus en anesthésie, 17% en gériatrie et 11% à l’urgence.
316 patients (63%) avaient un dossier accessible, et 296 contenaient de l’information. 171 sur les 316 (54%) contenaient de l’information non accessible ailleurs ou contradictoire par rapport à l’histoire initialement obtenue. Le type d’information le plus fréquent était un médicament non déclaré ailleurs (64%), suivi de la prise d’un médicament sans ordonnance (21%), suivi d’informations sur la dose ou l’observance. La prise en charge a été changée pour 72 patients, le plus souvent en gériatrie (43%).
Cette étude est intéressante car elle offre une perspective très différente par rapport à l’utilisation que l’on connaît du DSQ au Québec. Je suis surpris par la faible inclusion des patients à l’urgence, alors que c’est un endroit où l’information du DSQ est largement utilisée ici. Cependant, il n’est pas bien décrit dans l’étude s’il est possible que les médecins aient accédé à l’information du dossier électronique sans remplir le questionnaire. Les auteurs commentent que le faible taux de complétion du questionnaire pourrait avoir mené à un biais de sélection.