Beaucoup d’articles récents s’intéressent aux alertes dans les dossiers électroniques, aux raisons expliquant leur inefficacité, aux problèmes qu’elles causent, en particulier la désensibilisation, et aux façons de les améliorer. Une publication de janvier 2020 disponible gratuitement en texte complet sur PubMed Central présente les recommandations de quatre institutions américaines visant à améliorer les alertes présentées aux cliniciens.
L’introduction de cette article est une bonne revue du problème de désensibilisation aux alertes et des stratégies proposées pour diminuer le nombre d’alertes et conserver uniquement celles qui sont cliniquement significatives.
Les sujets abordés dans l’article sont:
La gouvernance
Les auteurs expliquent l’importance d’avoir un type de gouvernance pour les alertes adapté à la culture de l’organisation. Ils proposent une méthode de fonctionnement qui inclut la révision systématique des alertes qui dépassent des seuils établis, à des fins de désactivation ou ajustement. Il est particulièrement important de bien évaluer les alertes où un groupe demande qu’un autre groupe reçoive une alerte, et d’inclure à la fois les gens qui demandent une alerte et ceux qui la reçoivent dans les discussions. Les auteurs proposent une liste de vérification à suivre lorsqu’une création d’alerte est demandée, et celle liste inclut une définition des métriques qui vont être suivies pour valider la performance de l’alerte.
Le design des alertes et leur performance
L’article inclut une liste de métriques proposées afin d’évaluer la performance d’une alerte. Un point intéressant est de réfléchir aux alertes comme on le ferait pour un test diagnostique, en divisant les résultats de l’alerte en tableau 2×2 avec sur un axe le comportement de l’alerte (déclenchée ou non) et sur un autre la condition du patient (présente réellement la condition ou non). Ceci permet d’utiliser toutes les métriques bien connues de ce type de tableau pour évaluer la performance de l’alerte. On peut ainsi définir le problème de désensibilisation aux alertes actuel comme un problème de sensibilité trop élevée: les alertes présentent en général des taux de faux positifs beaucoup trop élevés. De cette façon, l’amélioration de la performance des alertes peut être mesurée avec, par exemple, le changement de la valeur prédictive positive.
Une emphase est placée sur le design des alertes. En particulier, il est utile de considérer le degré d’interruptivité de l’alerte lors de sa conception ou de son amélioration, qui peut aller d’une alerte non-interruptive qui affiche de l’information au clinicien sans lui demander de réponse, à une alerte interruptive qui requiert un clic pour continuer, une alerte interruptive qui requiert une documentation de raison, et même une alerte interruptive impossible à contourner.
L’article discute également des stratégies pour le test et l’évaluation des alertes avant leur déploiement, notamment l’importance de tester avec des dossiers réalistes et non des scénarios épurés ou seule la nouvelle alerte est déclenchée. Également, les stratégies de test avec évaluation sur des données rétrospectives ou prospectivement en mode « silencieux » avant le vrai déploiement sont présentées, de manière à pouvoir caractériser la performance d’une alerte avant même qu’elle ne soit présentée aux cliniciens. Bien sûr, tout ceci suppose la capacité de l’organisation de réaliser ce type d’analyse (par exemple en ayant au sein de son personnel des gens capables d’extraire ce type de données et de réaliser ce type d’analyses), et la capacité du logiciel de permettre ces analyses.
L’article conclut en présentant les exemples de deux institutions américaines et des choses qu’ils ont mises en places en réponse à ces principes. Cet article est de façon générale une bonne revue des principes de gestion des alertes et présente de bons exemples desquels s’inspirer.
Une réflexion sur “Recommandations pour la réduction de la désensibilisation aux alertes”