L’AJHP a déjà publié deux articles intéressants sur les bases du machine learning et sur le potentiel de cette technologie pour assister le pharmacien en établissement de santé. En novembre 2020, ils présentaient un énoncé de position de l’ASHP sur le sujet, j’en ai parlé dans le passé.
Les points clés de cet énoncé de position sont les suivants:
- Les pharmaciens devraient se questionner sur les tâches liées au médicament qui sont susceptibles de bénéficier de l’intelligence artificielle, sur la manière d’évaluer les modèles utilisés en pharmacie et sur les approches les plus susceptibles de déboucher sur des bénéfices.
- Les pharmaciens devraient mettre en place des standards locaux et nationaux de validation des modèles d’intelligence artificielle impliqués dans le circuit du médicament, en fonction du niveau de risque et d’autonomie des modèles, en contrebalançant les risques de l’innovation avec la tolérance au risque en contexte clinique, et en s’assurant que le niveau d’interprétabilité des prédictions est en phase avec le contexte d’utilisation.
- Les pharmaciens devraient être impliqués dans toutes les phases de développement et d’utilisation des modèles d’intelligence artificielle ciblant les médicaments. En particulier, ils devraient s’assurer que leur évaluation s’appuie sur les principes de la médecine fondée sur les preuves et que les données utilisées pour entraîner et appliquer les modèles correspondent bien à la pratique.
- Les pharmaciens devraient être ouverts aux changements de pratique amenés par les outils s’appuyant sur l’intelligence artificielle, et devraient avoir un rôle central dans la recherche, le développement, la mise en pratique et l’amélioration des outils ciblant l’usage des médicaments. Dans le contexte des opérations en pharmacie, les outils permettant l’automatisation des tâches techniques et permettant aux pharmaciens d’utiliser au mieux leurs compétences cliniques devraient être favorisés.
- La formation des pharmaciens devrait inclure les principes fondamentaux de la science des données et de l’intelligence artificielle, et des opportunités de développement dans ces domaines devraient être offertes pour les pharmaciens ayant un intérêt spécifique dans ce domaine.
Je trouve très positifs les points amenés dans cet énoncé de position; il est clair pour moi qu’il est nécessaire que certains pharmaciens développement une expertise leur permettant de comprendre à fond ces outils. Il me semble aussi essentiel que leur application au circuit du médicament dans les établissements de santé, de l’approvisionnement à la prescription à l’administration, implique des pharmaciens ayant une compréhension poussée de la manière dont ces logiciels fonctionnent et des données les alimentant. Le tout afin de s’assurer que leur utilisation clinique soit appuyée sur de la science de bonne qualité et avec une bonne compréhension de leur effet sur l’usage des médicaments; et que leur utilisation dans les opérations s’accompagne de bénéfices tangibles dans le fonctionnement des départements de pharmacie.